Découverte de Murbeckiella zanonii

Murbeckiella zanonii (J.-C. Melet)
Murbeckiella zanonii (J.-C. Melet)

Murbeckiella zanonii (Ball) Rothm  est une brassicacée  qui a été redécouverte après une éclipse de plus d'un siècle, à Thueyts  lors de l’inventaire de la flore ardéchoise confié alors au Conservatoire botanique du Massif-Central. Sa présence en Ardèche est d'ailleurs énigmatique puisque cette plante strictement européenne n'est connue que dans la partie nord des Appenins (Italie) où elle n'est pas rare.

 

 

Le botaniste de terrain la rapprochera inévitablement des cardamines ou des sisymbres (alors que les actuelles études phylogéniques les écartent les unes des autres).

Le genre Murbeckiella en diffère par la présence constante de poils étoilés et la disposition des graines dans les siliques.

Enfin M. zanonnii se distingue de M. pinnatifida  (Lam) Rothm (plante de moyenne et haute montagne, rare dans le Massif Central, seule autre représentante du genre en France) par un nombre de divisions du limbe des feuilles plus important et la présence d’oreillettes en faux à pointe mousse encerclant la tige.

 

C’est une plante des milieux siliceux que l’on rencontre sur les talus des routes, des pistes, les bords d’éboulis caillouteux où elle semble apprécier les conditions d’éclairement et l’absence de plantes concurrentes.

A Thueyts on la trouve de 450 à 950 mètres mais c’est à partir de 700 mètres qu’elle fructifie bien.

Murbeckiella zanonii gros plan (J.-C. Melet)49
Murbeckiella zanonii gros plan (J.-C. Melet)49

En fait l’usage du mot « découverte » est abusif car des recherches bibliographiques effectuées au Conservatoire botanique du Massif Central ont prouvé qu’elle avait été signalée à la fin du 19 ème siècle par Girod  à Thueyts et Burzet, mention reprise par Legrand sous le nom de Sisymbrium zanonii Carruel puis par Revol sous le nom de Sisymbrium pinnatifidum var. girodi.

La perte du rang variétal puis les évolutions taxonomiques l’ont fait confondre avec M. pinnatifida.

 

 

Ensuite la fermeture des milieux, le manque d’attrait de la châtaigneraie pour le botaniste et ses difficultés d’accès ont fait tomber dans l’oubli cette plante digne d’intérêt puisque c’est une endémique de deux régions italiennes (Toscane et Emilie-Romagne ) dans des conditions écologiques logiquement  similaires aux nôtres.

Son indigénat en Ardèche mérite d’ailleurs d’être vérifié par des analyses génétiques comparatives.